Il suffit parfois de la rencontre d'une personne pour voir de beaux évènements voir le jour.
Olivier, habitant de la commune de Marthod nous a rencontré, et nous a parlé de la taillanderie de son village. Et puis nous avons eu contact avec la mairie, puis avec le parc des Bauges... c'est ainsi que l'idée de faire forger Jeremy dans cet endroit a été concrétisée pour ce vendredi 12 mai.
Un bel exemple de tissage des liens humains.
Et puis le copain, Martin Claudel a rejoint Jeremy pour cette journée. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Martin est un taillandier de plus de 20 ans d'expérience qui a forgé avec Bernard Solon dernier des "anciens" taillandiers français. Son nom est connu dans le milieu, il a des techniques de forge que très peu savent exécuter.
L'après-midi du 12 mai, Jeremy et Martin ont forgé devant 3 classes d'élèves de la commune pour leur montrer le métier et expliquer ce qui se faisait comme activité au sein de cette taillanderie.
La taillanderie Busillet a commencé son activité en 1874, et elle vit 3 générations de forgerons taillandiers (la famille Busillet donc) se succéder en son sein.
Le lieu est étonnant. On arrive devant une maison d'habitation typique savoyarde qui longe le ruisseau du Creux. On découvre alors une porte en ferraille verte qui semble amener vers une cave. C'est là l'antre de la taillanderie. Elle se compose d'un foyer à deux feux, de deux martinets (ancienne version du marteau-pilon, qui est le bras droit du forgeron par sa force de frappe), d'une meule en pierre pour l'affûtage, d'un touret, et d'une perçeuse à colonne.
La magie de ce lieu, c'est que TOUS ces outils sont actionnés uniquement par la force motrice de l'eau au-travers d'une roue. Aucune source électrique ne les relient! C'est ça la beauté des taillanderie "authentiques".
Ainsi, lorsque la taillanderie est mise en route, on entend la roue et courroie se mouvoir et donne un bruit ronronnant tout au long de la journée de travail.
Aujourd'hui, l'étage de la maison a été transformé en musée pour y relater tout l'historique du lieux.
La taillanderie Busillet a comme spécialité le clapi qui est un outil pour tourner les billes ainsi qu'une petite hache qu'on appelle le modèle Savoie.
A 18h, Jeremy et Martin ont forgé le début d'une hache Busillet, devant un public venu dans le cadre de rencontres autour de savoir-faire organisées par le parc des Bauges.
On a assisté à un public ravit d'avoir pu voir deux taillandiers fabriquer une hache.
Un bel évènement pour montrer le métier et de voir revivre cet endroit et une forme d'hommage à Gaston, dernier taillandier de la famille Busillet qui exerçait encore il y a quelques années dans cet endroit.
J'habite pas loin, à 1/4 d'heure... Quel beau métier que de fabriquer de bons outils qui vieilliront bien. Mais quel regret aussi que la taillanderie Busillet ne soit pas plus souvent ouverte pour des démonstrations ou même des stages. Et je serais curieux de savoir s'il est possible de restaurer ou réutiliser de vieux outils à la forge... j'en possède un stock... qui dort tristement. Jean-Marc, Monthion 73200