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Milena

Ordre des Chartreux et fabrique de fer

Dernière mise à jour : 20 janv.

Fondé en 1082 pour s’établir St-Pierre-de-Chartreuse au Nord de Grenoble, l’Ordre des Chartreux est un ordre religieux qui existe depuis près d’un millénaire. Il prit part à la fabrication du fer atteignant son apogée au XVIIIe siècle, proposant un fer réputé pour sa qualité.

L’étude plus approfondie de l’impact des chartreux dans l’avancée et l’histoire métallurgique devient un sujet passionnant à décortiquer !

C’est donc naturellement que nous avons choisit ce sujet en partie pour préparer une exposition cette année.



Vue du monastère de la grande chartreuse, au sein du massif du même nom. C'est le monastère originel de l'Ordre. Crédit : RCF radio


Qui est donc cet Ordre ? 


Tout a démarré lors d’un week-end passé en Chartreuse l’année dernière où nous avons découvert cet univers, et avons randonné autour de l’énorme édifice perdu en pleine montagne.

Nous savions déjà que cet ordre avait quelque chose à voir avec le passé métallurgique de la région, mais nous n’avions pas encore pris le temps de se pencher sur le sujet.

Réputé aujourd’hui pour la fabrication de son élixir secret de plus de 130 plantes la « Chartreuse » , cet Ordre ne s’en résume pas qu’à cette recette secrète. Il s'agit d'une communauté religieuse qui a traversé les siècles, en restant ancré dans ses préceptes à savoir : vouer sa vie à la prière tout en faisant vœu de silence.

Pour subsister ils ont mené une petite économie circulaire locale ne cherchant pas de profit mais seul à subvenir aux besoins des moines de l’abbaye.  

Jusqu’à ce jour, les écrits que j’ai parcouru de différentes époques et qui évoquent l’Ordre cartusien, le cite comme réputé pour sa bienveillance et son impartialité.  Il participa à l’économie locale, et n’a jamais hésité à ouvrir ses portes lors des temps de famines ou de guerre.

Voici un petit extrait de la préface des « chartreux, maitres de forge » : « Plus important que les hommes était l’ordre et l’esprit de l’ordre : un esprit d’union et d’économie un esprit de pauvreté de détachement de de désintéressement un esprit de discipline rigoureuse et de confiance mutuelle. »

Constitué en 1084 par Bruno et Saint Hugues évêque de Grenoble, sa particularité est d’instaurer une vie anachorétique (vie d’ermite) avec une vie cénobitique (vie en communauté).


Emblème montrant un globe surmonté d'une croix ainsi que 7 étoiles. En latin il est marqué  "Le monde passe, la croix demeure"
Emblème de l'Ordre des Chartreux

Bruno avec 6 compagnons se dirigeront vers le « Désert » de la Chartreuse pour s’y établir. Ils suivront d’après l’histoire, les 7 étoiles évoquées dans un songe de Hugues qui lui montraient le lieu pour une habitation dans la solitude vouée à la gloire de Dieu.

On retrouve ces 7 étoiles sur le symbole de l’Ordre : un croix surmontée de 7 étoiles sur un globe avec la mention en latin de « Le Monde passe, la croix demeure »




Et son lien avec le fer ? 


Pour subsister à leur besoin ils avaient mis en place une économie autour de la fabrication du fer de par les ressources naturelles locales. La présence de filon de fer, d’arbres pour la fabrication de charbon, d’eau pour l’énergie hydraulique offrent un terrain propice. Un écrivain du début du XXe siècle (Auguste Bouchayer qui s’est inspirée des notes précieuses d’un auteur sur la métallurgie des Alpes : M. Ernest Chabrand) alla jusqu’à évoquer qu’ils en furent les probables investigateurs des débuts de la fabrication du fer dans notre contrée. Ainsi ils furent cités comme « Les chartreux, maitres de forge ».  Depuis ces dernières années, d’autres découvertes sur le terrain remettent cette thèse en question. Qu’en est-il vraiment ?

On a retrouvé de nombreux vestiges métallurgiques aux abords de différentes Chartreuses : hauts-fourneaux, four à griller, amas de scories (déchets issus de la fabrication du fer), anciennes charbonnières, mines…

Si d’ailleurs vous voulez vous immerger quelques minutes dans les entrailles de la terre, où les chartreux faisaient extraire du minerai de fer vous pouvez voir une petite escapade souterraine de David. Un homme qui semble passionné de ses découvertes et de l’histoire des lieux et du patrimoine local. Avis aux claustrophobes : frissons garantis...


crédit "DDD Explorations", n'hésitez pas à voir ses autres excursions!


Et le Trièves dans tout ça ? 


Carte de l'abbaye de Durbon, et ses ruines photographiées au début du siècle dernier.


De fil en aiguille, nous avons découvert également que l’abbaye de Durbon fondée à Saint-Julien-en-beauchêne s’était entourée d’une économie métallurgique en lien avec le Trièves, le territoire où nous habitons. L’abbaye se fournissait en minerai de fer provenant des mines de Mens.

D’ailleurs le Musée du Trièves à Mens avait concocté également une belle exposition autour du fer dans le Trièves il y a de cela quelques années.

Il y a eu également des haut-fourneaux à Chihilianne, Saint-Michel-les-Portes ainsi qu'à Saint-Guillaume.

Le fourneau de Chichilianne titille notre curiosité : nous cherchons en vain son ancienne localisation sur le village mais n'avons pas encore trouvé de piste concluante. Mais nous n'avons pas dis notre dernier mot!

Voici donc un bref résumé du point de départ de nos recherches sur le passé métallurgique en isère et en Trièves en lien avec l’Ordre des Chartreux.

Un sujet dont on a hâte de vous conter l’histoire plus en détail bientôt !...



Photo d'un chaton de la race des chartreux au pelage gris et les yeux jaunes.
Mettre une photo de chaton mignon sur un blog de métallurgie, ça c'est fait...

Je ne pouvais pas finir cet article sans mentionner l’origine du mot « chartreux » pour citer la race des chats au célèbre pelage gris qu’on dit même bleu et ses yeux d’or.

Y’a-t’il un lien avec l’ordre ?

C’est une des plus anciennes « races naturelles » qui semblerait être arrivée par bateau lors des croisades depuis la Turquie et l’Iran.

Une théorie indique qu’ils portent ce nom car on les aurait trouvés dans des chartreuses, chassant les rats lors des ravages de la peste bubonique. On cite aussi un rapprochement entre le caractère silencieux de ce félin (il miaule très peu) et le vœu de silence de l’Ordre. 

D’autres avancent que l’apparence laineuse du pelage de ce chat bleu aurait été comparée à une laine de qualité provenant d’Espagne. Il s’agit de la Pile des Chartreux.

Ce qu’on sait que la première utilisation du terme « chartreux » apparaît en 1723, dans le Dictionnaire universel de commerce, d'histoire naturelle et des arts et métiers de Jacques Savary des Bruslons. Pour l'explication cela reste au final plutôt un mystère!

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1 Comment

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Guest
Feb 12
Rated 5 out of 5 stars.

Super intéressant et bravo pour la rédaction c'est fluide à lire. Par contre j'ai connu un ChaChartreux qui miaulait beaucoup mais je crois que c'est qu'on l'aimait trop et on lui faisait trop de calinou.

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